La faille qui nous fait vaciller dans nos salons, c’est, dans la banalité du moment, – une tisane, un rayon de soleil, un trio de Bach -, l’extraordinaire de ce qui se vit ailleurs.
Ce sont les livreurs ou les caissières qui n’ont pas le choix. Ce sont les médecins qui voient ce qui arrive avec le flegme du capitaine avant la tempête. Pourvu que le bateau tienne et jusqu’au bout garder la tête haute. C’est l’orchestre magnifique qui joue ses dernières notes les pieds dans l’eau.
C’est tout ce dont je me suis mis à l’abri sans mauvaise conscience, appliquant scrupuleusement les consignes. C’est chez d’autres le journal du temps vide à remplir, le journal de l’inactivité, des rêveries bourgeoises à l’heure du thé. Le journal des fleurs qui poussent, du printemps qui se perd mais qui reviendra et de comment ce qui ne change jamais nous change pour toujours.
Bref, c’est pas bien rigolo. Publier un journal de confinement, serait-ce sur la page perdue d’un site que personne ne lit. Pour quoi faire ?