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85 – Tu penses encore à elle ?

Tu penses encore à elle ? Oui. Et alors ? C’est une chanson triste sur un air nostalgique. Les paroles ? Banales et presque réconfortantes, quelques rimes et du rythme. Tu pleures ? Je souris : elle a choisi, elle est heureuse, enfin, je crois, j’espère et je tiens ma promesse. Laquelle ? Mon silence, et il n’y a pas de musique sans silence. C’est frustrant ? Non, je suis partout dans la mélodie qui l’accompagne, à chaque instant, inaudible et présent. Tu n’espères plus rien ? Je n’espère rien de plus, et c’est beau, pour ça que je souris : elle aussi m’accompagne partout et remplit mes silences. Tout est donc parfait ? Il n’y a pas d’amour plus pur, pas de sentiment plus absolu, et rien jamais qui se mette en travers. Mais, le temps ? Oui, peut-être, peut-être le temps qui efface tout, mais pas encore, pas tout de suite, j’y veille. Tu es heureux ? Si elle l’est, pourquoi ne le serai-je pas ?

Codicille : très longtemps, j’ai fui ces banalités-là. Il m’a semblé impossible d’en faire de la littérature, ou plus exactement d’ajouter quoi que ce soit de neuf à tout ce qui avait déjà été écrit sur l’amour depuis que l’on raconte des histoires. Comment ajouter aux poèmes. aux tragédies, aux chansons qui passent en boucle ? Et puis, un jour, justement parce que c’était le sujet le plus casse-gueule, le plus rebattu, celui à propos duquel les clichés sont les plus nombreux, j’ai décidé de m’y confronter. Puisque c’est impossible, faisons-le. On y reviendra. Dans ce Carnet, je trouve la place idéale pour essayer des choses.

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