Tu invites un garçon à dîner, chez toi, en tête à tête. C’est déjà une promesse. Et puis tu lui dis : « tu rapporteras du vin », parce que les fleurs… Donc il arrive, il a pris une douche et sent encore le menthol de son gel trois en un. Il porte ce qu’il a de plus seyant et toi tu as choisi une petite robe noire. Pas de prise de risque. Tu sens Mademoiselle de Chanel, que tu n’utilises que dans les grandes occasions. Tout serait presque parfait. Alors, il te tend la, non les bouteilles. Il en a pris deux : « on ne sait jamais », rit-il. Et tu sais qu’il pense que si tu bois un peu trop il maximise ses chances. Et tu regardes l’étiquette. La putain d’étiquette, et tu la reconnais l’étiquette. Tu sais le prix du vin et ce que ça dit du garçon. De ce que ça dit précisément de ce qu’il est prêt à investir dans votre relation. Tu décides que, ce soir, tu ne sortiras pas le nougat glacé du congélateur.
Romane reste perplexe devant la publicité de ces six bouteilles de vin. Tous les prix affichés se mélange dans sa tête: 10,12 € divisé par 1,69 € cela fait 5,98, étrange! Et comment passer de 1,69 € la bouteille à 2,53 € la bouteille. Elle cherche à se souvenir comment on calcule les pourcentages. Est-ce pareil que de passer de 4 à 6 ? Ses souvenirs d’école se mélangent dans sa tête, de bien mauvais souvenirs en fait que ces cours de mathématiques. 33,3 % peut être en divisant la différence entre 6 et 4 par 6. Oui voila, ce doit être ça. Et maintenant la même opération avec les prix: soustraire et diviser: résultat 33,2 %. Presque le même pourcentage. Ces andouilles ne pouvaient pas tout simplement écrire qu’ils faisaient un rabais de 33%?
Et pourquoi ajouter les prix aux litre pour tout compliquer? Bon, Romane ne va pas essayer de calculer la contenance de chaque bouteille. Quand Arthur rentrera de l’école elle lui posera la question. Un bon exercice pour lui qui semble si à l’aise avec les chiffres.
De toute façon, je ne vais pas l’acheter ce vin. A ce prix il doit être infect.