C’est un titre pour les réseaux sociaux. Un titre piège à clic, un de ceux qui ne disent rien, rien d’autre que le fait que vous allez avoir une surprise, et une sacrée surprise, si vous cliquez dessus sur Facebook, ou sur Twitter, ou ailleurs. Vous n’allez pas en revenir. On fait une promesse au lecteur. La sidération, l’émotion, l’étonnement au moins. « A une minute trente deux, cette vidéo d’un chaton qui voit sa mère pour la première fois va vous faire miauler… » Qui résisterait ? C’est la marque de fabrique du Démotivateur. De plus en plus copiée.
Les titres piège à cons
Alors oui, il y a les sites spécialisés dans le buzz qui s’en donnent à cœur joie, poussant toujours plus loin le bouchon. Et vous en disent toujours moins sur le contenu de l’article.
Tant que les sites pièges à clics donnaient dans ce genre de perversité, on s’en débarrassait, sur Facebook en tout cas, aussi facilement que du moindre appel à jouer à Candy Crush.
Seulement voilà, ces titres fonctionnent, alors les autres sites s’y mettent. Les sites sérieux, les vrais sites. Et même Télérama, avec un étonnant : Vous ne devinerez jamais qui est l’artiste le plus populaire de l’art contemporain…
Diante, fichtre, allons donc, je ne devinerai jamais ? Vérifions, donc, et cliquons : aurais-je pu deviner. Vérification faite : aucune chance, en effet, que je devine. Je n’avais jamais entendu parler avant aujourd’hui d’Yayoi Kusama.
Rappelons ici qu’un bon titre n’a rien à voir avec ça : il est informatif, il contient les bons mots clefs, il est prévisible, et il est court. Ici, j’aurai normalement lu :
Yayoi Kusama, l’artiste la plus populaire de l’art contemporain
Moins de clics, peut-être, mais du clic de qualité, ceux de gens qui veulent vraiment en savoir plus sur cette vieille femme internée dans un hôpital psychiatrique. Muni de ce détail, d’ailleurs, j’aurais peut-être titré :
L’artiste star de l’art contemporain à l’hôpital psychiatrique
Mais, en aucun cas, je n’aurais du laisser une chance à Facebook de couper mon texte n’importe comment et de faire du sujet de mon article une figure de l’art con.