Vous voulez écrire des statuts qui claquent sur les réseaux sociaux ? Vous voulez faire réagir, être partagés, impliquer ? Il y a bien des méthodes pour cela, et une toute simple à mettre en œuvre, à condition d’être un peu agile avec les mots : l’allitération. Explications.
Commençons par une petite définition. L’allitération est une répétition de consonnes dans une suite de mots rapprochés. Il y a répétition lorsque le son se fait entendre au moins trois fois de façon rapprochée. L’exemple le plus connu est de Racine, dans Andromaque :
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?
On parle là d’allitération imitative : n’entendez-vous pas siffler les serpents ?
On regroupe les consonnes en trois catégories :
- Les sons explosifs, durs, violents, explosifs : K, T, P
- Les sons fluides, doux, qui appellent au rêve : M, L, N
- Les consonnes fricatives, celles qui sifflent, chuintent : F, S, Z
A vous de jouer pour appuyer vos statuts sur une de ces trois catégories, et une seule, en fonction de l’émotion que vous voulez faire passer.
Et l’effet, parfois, peut être comique, la preuve avec cet extrait de Chanteclerc, d’Edmond de Rostand :
Au lieu d’être coquets de vos cocoricos,
Vous rêviez d’être, ô Coqs ! de drôles de cocos !
Oui, mode ! pour que d’eux tu t’emberlucoquasses,
Coquine ! ils n’ont voulu, ces Coqs , qu’être cocasses !
Pour s’entraîner : le tautogramme
Si l’allitération ne vous vient pas naturellement, et c’est compréhensible, et si vous voulez gagner en agilité, lancez-vous dans un simple petit jeu : le tautogramme. Le tautogramme est une contrainte d’écriture : rédiger une phrase dont tous les mots commenceront par la même lettre. C’est, en quelque sorte, forcer l’allitération. Les premières fois, ne vous souciez pas de ce que vous voulez dire : choisissez une lettre, et lancez-vous. Bien sûr, l’exercice est plus facile avec le « l » qu’avec le « z ». Le pire exercice ? Le « y » : comme je l’indique dans mon livre Les mots pour le rire (Mille et une nuits), il n’y a pas de verbe qui commence par y dans Le Petit Robert. Ce sera donc forcément une phrase nominale.
Mais… le y est une voyelle… Il ne s’agit donc pas, si vous avez suivi, d’une allitération. Lorsqu’on répète les voyelles, on parle d’assonance. L’effet est le même que celui de l’allitération : ne vous en privez pas sur les réseaux sociaux. Et n’hésitez pas à mêler assonance et allitération. Et vous verrez comme le succès de vos statuts augmente.
Et notez que l’affaire fonctionne bien en français, mais que l’allitération a ses adeptes dans d’autres langues. Exemple.
Commerce is not just carts and conversations. It's connections, conversations, credibility, caring @heatherjbrunner #WooConf #alliterations
— Michelle Schulp Hunt (@marktimemedia) April 6, 2016
A vous de jouer, comme j’aime à dire.