14/12/21
Toujours pas résolu la question de la publication sur Amazon. C’est, sans doute, la meilleure solution pour un auteur, en termes de revenus et de diffusion. Le grand méchant Amazon nuit au commerce des centres-villes, exploite assez honteusement son personnel dans ses entrepôts, et ne paye pas ses impôts avec toute la bonne volonté attendue. Mais son programme d’autoédition respecte sans aucun doute plus les auteurs que le circuit traditionnel du livre. Une simple histoire du pourcentage des revenus qui reviennent aux auteurs, et de facilité d’accès à la publication. Reste à trouver des lecteurs, mais cela l’édition traditionnelle ne le promet pas non plus. Alors quoi, refuser de se soumettre au grand méchant Amazon, ou se servir de ce que la plateforme offre de meilleur ? Je reste dans une sorte d’entre deux. Un roman jeunesse disponible sur Amazon, et un autre roman que je n’y ai pas encore diffusé. Ce n’est pourtant l’affaire que de quelques clics. Et toujours le plaisir à travailler avec de bons éditeurs traditionnels, lorsque cela se présente. J’ai quelques noms de belles expériences.
15/12/21
Hier soir, atelier d’écriture mensuel animé en ligne. À partir des listes de courses réunies par Clémentine Mélois dans Sinon j’oublie. On parle courses, achats, et on écrit, un peu de technique d’écriture, de l’émotion, des surprises : c’est toujours sur le fil tendu et l’on ne sait pas où on va, mais ça marche, avec un noyau d’habitués (merci à elles, merci à eux) et quelques nouvelles têtes. J’y évoque le compte Instagram d’Anne-James Chaton, et un participant signale un travail que je ne connaissais pas, ou que j’avais oublié, ce qui ne fait guère de différence. Le Je paie, d’Emmanuel Adely aux éditions Inculte. Dix ans de consommation comme un résumé de vie, et une info par jour pour dire la marche du monde. “Je paie est une liste de courses qui se lit comme un roman passionnant”, dit l’éditeur sur son site web. Aucun doute, tout cela se tient… Anne-James Chaton sera au programme de l’atelier d’écriture de janvier 2022, mais on ne parlera pas de courses (encore que, on a toujours des surprises en atelier d’écriture, disais-je).
16/12/21
Il peut arriver que la notation du jour, dans ce journal, s’impose. Pas à réfléchir, quelque chose à dire, et c’est très bien ainsi. D’autres fois, c’est le grand vide. Pas que la journée ait été sans intérêt, ce n’est pas le sujet, mais que rien ne s’en détache qui vaille notation ici. On ne devrait pas vivre de journée perdue, comme cela, dont il n’y aurait rien à retenir. C’est une injonction forte, depuis tout petit cette voix qui nous intime : “ne perds pas ton temps”. Tout entier, on devrait être tendu vers le mémorable, l’inoubliable, arc-bouté vers ce qui fait date. Il y aurait dans la décision de tenir un journal cette folie de croire que chaque jour vaudra quelques lignes (lapsus de clavier, j’ai écrit “ternir un journal”, si ce n’est pas rien, ça, comme lapsus). Et si c’était juste l’inverse : si c’étaient ces quelques lignes qui donnaient sa valeur au jour. Si c’était ce lapsus venu en écrivant qui suffisait à rendre la journée unique.
17/12/21
Le fil continu du petit garçon penché sur son cahier un stylo à la main au quinquagénaire qui tapote un texte sur l’écran tactile de son téléphone au petit matin : mettre des mots sur quelque chose. J’ai gardé très précise l’image et le lieu de l’écriture du premier poème. J’ai même gardé le poème. Et j’ai écrit bien d’autres choses depuis. Peut-être même quelques breloques dont je pourrais tirer un peu de fierté. Et ce fil continu de l’enfance à la maturité (c’est beaucoup s’avancer, ça, la maturité : ça dure si peu de temps avant que s’amorce le pourrissement). Tu fais quoi ? J’écris des trucs. Ce n’est déjà pas si mal. Tu veux que je te montre ? J’ai sept ans à nouveau.
18/12/21
Découvrir que cette histoire de flow a des théoriciens tout à fait sérieux, même si le principal a un nom impossible : Mihály Csíkszentmihályi (oui, j’ai copié/collé). Donc, le flow, qu’on traduit par quoi ? Pleine conscience ? État de grâce ? C’est ce moment où l’on est totalement concentré sur une tâche et que tout le reste disparait et qu’on atteint son objectif avec une facilité déconcertante. Le flow, c’est le moment idéal de l’écriture : quand les mots s’enchaînent et qu’on tape au clavier tout juste à la vitesse de la pensée, quasiment les yeux fermés, et que chaque lettre tombe juste dans le mot juste dans phrase juste au juste rythme, et comme on n’osait même pas l’imaginer lorsqu’on laissait son esprit aux distractions extérieures. Une large part du travail d’écriture consiste à atteindre ce moment de flow. Je ne sais pas s’il y a des recettes pour ça… Mais c’est ça que l’écrivain cherche, attend, poursuit et qu’il nomme peut-être l’inspiration. Mais c’est de la psychologie mâtinée de neurosciences, pas un truc qui tombe du ciel.
20/12/21
L’émotion des Souvenirs sur Gustave Flaubert d’Émile Zola ne semblait pas disponible facilement en version papier, ou peut-être au détour d’un livre contenant d’autres textes, mais je n’ai pas trouvé. Alors j’ai mis à disposition. Cela prend peu de temps une fois le texte prêt. Vraiment peu de temps. On a l’impression diffuse de pactiser avec le diable, lorsqu’on publie sur Amazon, et je ne l’avais pas fait depuis plusieurs années, mais la simplicité de l’outil est confondante. Le temps que les équipes de l’entreprise vérifient qu’on a bien le droit de publier le texte (là, ça a été un peu long, ils n’étaient pas prêts à un “inédit” de Zola… mais ils ont fini par accepter), et le texte est disponible à la vente. J’ai choisi un prix très bas, d’autant que c’est le texte brut, tel qu’il a été publié en 1880 dans Le Figaro. Un texte d’une cinquantaine de pages, un petit livre, mais que je suis heureux d’avoir aidé à mettre entre les mains de la dizaine ou la centaine de personnes qu’il pourra intéresser. L’impression à la demande, c’est aussi ça. Et une forme de satisfaction.