Puis-je noter toutes mes pensées ? Les plus essentielles sont probablement absentes de mes cahiers. Les unes me traversent au cours de mon action journalière, et je les perds. Les autres, quand je veux les fixer après coup, sont déjà flétries, je ne puis plus les revivre. Ou bien l’effort à faire pour les traduire en mots me lasse. Ou bien je me refuse à écrire ce qui doit être tenu secret. Ou, c’est enfin le vieux ennemi embusqué, qui cherche à vous trancher les jarrets – le "A quoi bon?"…
Romain Rolland