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Quelques notes sur La Boîte à écrire

FacadeAmusant, souvent, de se plonger dans ces vieux textes qui dorment au coeur des disques durs, depuis des années parfois. Celui-ci a été écrit alors que j’étais à la tête de l’agence de fourniture de contenu rédactionnel que j’ai montée en novembre 2000 et à l’activité de laquelle j’ai mis fin fin juin 2004. Une belle aventure. Quelques notes que j’avais prises, donc, à l’époque. Une trace de mon activité passée. C’était La Boîte à écrire.

"Ces clients sans histoire… Des grands comptes, principalement. Ces gens là ont a priori le savoir-faire en interne. Qu’attendent-ils alors d’un prestataire extérieur ? Parfois, simplement, de prendre en charge un surcroît de travail. Je suis là pour donner du temps. Ils savent précisément ce qu’ils veulent, ils savent généralement l’expliquer. Ils comprennent les enjeux, les difficultés. C’est un plaisir.
Enfin, pas toujours.
Un exemple ? Un grand éditeur sort une nouvelle édition de son encyclopédie. L’enjeu financier est de taille. Ils m’appellent pour rédiger le dossier de presse qui sera distribué aux journalistes le jour du lancement de leur produit. L’objectif semble clair. Ils en sont à leur septième édition. Ils ne veulent pas refaire le même document que les fois précédentes. Il leur faut un regard neuf, un nouveau style. Soit. D’autant plus évident que je connais le produits. Ce sont des gens cultivés, des encyclopédistes des temps modernes. Ils font manifestement corps avec leur projet. Très bien, même un peu intimidant. Je me lance. J’écris le texte attendu. Je l’envoie. Et là, rien ne va plus ! Ce n’est pas du tout ce qu’ils attendaient. A tel point, manifestement, qu’ils ne veulent plus de moi. Je ne comprends pas. J’insiste tout de même pour comprendre, puis pour leur soumettre une nouvelle version. J’ai finalement gain de cause. En deux heures, je mets au point un nouveau texte. En changeant radicalement de tactique : je reprends des textes émanant dans les années passées de leur société. Je remixe, je modifie, je copie-colle, bref, je plagie honteusement… Au final, ils reçoivent un clone de divers textes promotionnels déjà parus. Surprise, qui n’en est pas une : cela leur convient. Ils ne se rendent compte de rien. Ils sont même étonnés, vu le contenu de mon premier texte que j’ai pu si précisément coller à leurs attentes. Ils ne s’aperçoivent même pas que le regard neuf qu’ils souhaitaient si ardemment est passé à la trappe. Résistance au changement. Cela n’aura, finalement, servi à rien. Ils étaient tellement sûr, à la lecture de ma première livraison, que je n’arriverai pas à leur donner satisfaction, qu’ils se sont déjà engagés auprès d’un autre auteur. Mon texte, finalement, est parfait, mais je suis remercié. Je vous laisse trouver une morale à cette histoire, s’il en est une.
Heureusement, tout ne se passe généralement pas si mal. C’est même exceptionnel. Totalement à l’opposé de cet éditeur, je pense à un vendeur des quatre-saisons. Une boutique, une simple boutique. Tomates rouges tranchant sur le vert des courgettes, odeurs d’estragon, d’abricots… Une ambiance. Comme il y a eu un article dans la presse concernant mon activité, le patron m’appelle. On se rencontre. La démarche est sympathique. L’homme est là depuis quelques années, il ferme volontairement boutique, et il veut transmettre une lettre de remerciement, expliquant sa démarche à ses clients les plus fidèles. Ecrire n’est pas son métier, et il veut faire les choses bien. Il prend le temps de m’expliquer ce qu’il aimerait dire, la façon dont il aimerait le faire. Une lettre, une simple lettre. Un tout petit budget. Je le fais. Lorsque je lui amène le texte, il le lit devant moi, soupèse chaque mot, chaque signe de ponctuation, commente la moindre figure de style. Une poignée de retouches s’avèrent nécessaires. Il s’est approprié la lettre. Il la signe sans honte. Ce sont bien ses mots à lui, ce qu’il voulait dire, de la façon dont il voulait le dire. Avec ça, il sait que ses clients comprendront.
Peu de temps après, lancement mondial de Myst III, un des plus grands succès de l’industrie mondiale du jeu vidéo. C’est encore à moi qu’on fait appel. Pour le dossier de presse européen qui accompagnera le lancement. Je serai traduit en plusieurs langues. L’éditeur a investi des millions d’Euros… Mouvement de balancier : dimension hollywoodienne. Ici, tout se passe au mieux. Lorsque je recevrais le dossier de presse finalisé, où il n’apparaît nulle part que je suis intervenu, j’en tire tout de même la fierté du travail bien fait.

Plus tard, j’écrirai quelques lettres de motivation, ce que je fais rarement, pour des inconnus qui seront passés me voir. On reste une petite heure ensemble, j’écris devant le client. Chaque phrase est pesée. L’enjeu est différent. Ici, le client a le sentiment de jouer sa vie. On n’a pas le droit de le décevoir, même si l’on ne peut rien promettre. Il croit ne pas savoir ce qu’il veut dire, paralysé par ce qu’il faudrait dire. On écrit à deux, sans qu’il s’en rende vraiment compte. Je mets juste les mots dans l’ordre, je propose, il dispose. J’apporte un savoir faire technique, je connais le « plan type ». Mais le client est là, la lettre est finalement bien sa lettre.
Les projets s’enchaînent, ainsi, les uns à la suite des autres, toujours différents. Au quotidien, l’écriture, c’est ça : se couler dans de nouveaux projets. Trouver les mots pour le dire. La phrase qui fait mouche. C’est plutôt gratifiant, il faut l’avouer. Et souvent passionnant, tant les problématiques sont diverses."

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