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Serge July, littérature et journalisme

dictionnaire journalismeDans une interview à propos de son Dictionnaire amoureux du journalisme, Serge July dit dans Le Monde :

Pour nous, le nouveau ­roman, ça devait être le nouveau journalisme. On était imprégnés par le texte de Sartre, dans les Temps modernes, qui faisait du reportage le propre de la vraie littérature. Et Sartre nous a aidés à forger une autre langue, une langue « parlée/écrite  » qui renvoyait à La ­Nausée, ce grand livre. L’autre auteur qui nous a influencés, pour ce qui est de la langue, c’est le Cavanna de Hara-Kiri et de Charlie.


Je suis assez preneur des références précises du texte de Sartre… Voire même d’un lien.

[Mise à jour 16/05/2015]
Sur Twitter, Xavier Rinaldi nous signale un texte de Sartre qui pourrait correspondre à ce que dit Serge July. C’est à la fin d’un long article accessible ici, qui concerne la revue Les Temps modernes.

Il nous paraît, en effet, que le reportage fait partie des genres littéraires et qu’il petit devenir un des plus importants d’entre eux. La capacité de saisir intuitivement et instantanément les significations, l’habileté à regrouper celles-ci pour offrir au lecteur des ensembles synthétiques immédiatement déchiffrables sont les qualités les plus nécessaires au reporter; ce sont celles que nous demandons à tous nos collaborateurs.

[Fin de la mise à jour]

Un peu avant, Serge July dit dans la même interview :

[…]dans les moments de mutation comme celui que nous vivons avec la révolution numérique, il faut savoir relire les classiques, et se souvenir, par exemple, que Garcia Marquez, qui n’était pas un journaliste d’occasion, considérait le reportage comme le genre suprême. Dans l’idéal, j’aurais presque voulu publier une anthologie d’articles. Gay Talese y aurait tenu une place particulière, car ses reportages n’ont jamais dérapé dans la fiction. Comme d’autres représentants du new journalism, il a su inventer une littérature de l’actualité. Dans les écoles de journalisme, on devrait lire ces auteurs qui se sont posé des questions sur le récit au moment même où le réel entrait en crise.

C’est le moment où l’écriture journalistique se détourne de Google pour faire du coude à la littérature. Deux approches qui semblent radicalement opposées et qu’on aimerait pourtant savoir réconcilier : des textes faits pour dire le réel, avec tout le savoir-faire emprunté aux écrivains, mais qui ne refuserait pas pour autant des modes actuels de diffusion, en acceptant les contraintes du référencement et des réseaux sociaux, comme Sartre acceptait celles de la page, de l’in-folio.

Sentiment qu’avec les longs formats on s’en approche doucement mais sûrement. Pas avec le journalisme à clic.

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