Soit les premières phrases d’un guide de rédaction pour le Web disponible en ligne* :
Sur le net plus qu’ailleurs, personne n’a envie de perdre son temps et il faut absolument
faciliter la lecture des pages aux internautes. Pour ce faire, quelques règles essentielles, mais
pourtant simples s’appliquent :
"plus qu’ailleurs" : plus qu’où ? Plus qu’au lit ? Plus que devant la télé ? Plus que devant un bon livre ?
"personne" : autant parler de quelqu’un, et, même, du lecteur. Pourquoi ne pas dire : "Vous n’avez pas envie de gâcher votre temps".
Parce que c’est une négation, peut-être.
"il faut" : tournure impersonnelle, technocratique, langue de bois. Personne n’agit. Bouh…
"absolument" : un adverbe de plus de trois syllabes, ce n’est pas ce qu’on fait de plus lisible. Ni de plus indispensable.
"faciliter la lecture des pages aux internautes" : on dit faciliter quelque chose à quelqu’un ? oui, mais c’est plus difficile à lire si on dit "faciliter quelque chose de quelque chose à quelqu’un". On peut gagner en lisibilité, là aussi.
"Pour ce faire" : dans le Littré, le verbe faire a 82 sens différents. J’ai tendance à recommander l’usage d’un autre des verbes disponibles. On peut, plus simplement, supprimer "Pour ce faire".
"quelques règles essentielles" : soyez précis, dites combien, numérotez. Quelques, c’est peu, ça laisse penser qu’il y en a d’autres, des règles essentielles. Tant qu’à faire, dites moi "les règles essentiels", ce sera mieux vendu.
"mais pourtant simples" : quelle opposition de principe y a-t-il entre essentielles et simples ? Pourquoi ce "mais", et, surtout, pourquoi ce "mais pourtant" redondant ? Sans le "pourtant", le texte gagnerait en concision. Et comme ce "mais" ne sert pas vraiment non plus…
"s’appliquent" : et oui, elles sont sympas, les règles essentielles et simples… Elles s’appliquent. Vous n’avez rien à faire (du verbe faire), les règles s’appliquent d’elles-mêmes.
Facile, cette relecture ? Vraiment ? Ben oui, je ne me prive pas de ne pas respecter les conseils que je donne, moi aussi. Comme quoi.
*Je ne fais pas de lien, gentillement. Notez que je suis plutôt opposé aux notes de bas de page, aussi. Et qu’on n’écrit pas en italique.
Jolie leçon que je m’en vais de ce pas coller dans mon pense-bête (si vous le permettez bien sûr); n’est-on jamais à l’abri d’une étourderie?
« Tant qu’à faire, dites moi « les règles essentiels », ce sera mieux vendu. »
Et Pan !
« Sur le net plus qu’ailleurs, il faut relire »
Comme quoi, personne n’est à l’abri. 😉
Merci, Philippe. Merci d’avoir lu tout ça jusque là.
Et oui, je commets, aussi, des fautes. Impardonnables.
Je vous en prie.
Comme vous, je peux me relire et laisser passer des énormités.
Cordialement,
Philippe
ps : je vois que l’un de mes articles a eu l’heur de vous inspirer hier soir. 😉
La gestion des fautes d’orthographe, hein… http://bailly.blogs.com/pro/2008/05/pokmon-surfer-s.html
Pour l’inspiration, en effet, en vous lisant j’ai pensé que ce petit récapitulatif de ce que je dis depuis deux jours ne ferait pas de mal à mes stagiaires actuels. Et, tant qu’à faire, du coup, je l’ai mis en ligne. Histoire de remettre en avant quelques uns de mes anciens articles.