1000 livres paraissent en France chaque semaine. 200 par jour ouvrable.
Un peu plus de 8 en une heure… Un toutes les 7 minutes et trente
secondes ! Le temps que vous parcouriez ce blog, combien de livres
auront parus ? Malgré ces chiffres qui ne sont pas loin de défier
l’imagination, ce ne sont pas les vocations qui manquent.
Au bureau du courrier des éditeurs, les chiffres sont peut-être plus
difficiles à vérifier, mais tout aussi parlants : 2000 manuscrits sont
reçus chaque année à la Table ronde, ou 3 500 chez Grasset. Et la
plupart seront refusés. Car les livres qui paraissent, qu’on le sache,
sont rarement ceux qui arrivent par la poste ou à pied chez les
éditeurs : ils ont été commandés, ils sont calibrés, ils ne doivent
rien au hasard. Ce sont des livres de cuisine, des atlas, des études
universitaires, des projets de développement personnel, des astuces
pour maigrir en dix semaines, des conseils pour élever ses enfants,
dialoguer avec les adolescents, préparer sa retraite, cultiver ses
légumes, allumer et éteindre son ordinateur… Ce sont des biographies,
des romans d’espionnage, d’amour ou d’horreur préformatés, des
encyclopédies, des dictionnaires d’horticulture.
C’est dire si, dans ces conditions vouloir devenir écrivain est une
aberration. Non parce que c’est difficile : il se peut fort, si vous
vous trouvez au bon moment au bon endroit, que vous soyez l’un des 200
auteurs qui sortira un livre le 12 mai prochain, ou le 30 avril de dans
un an. Non seulement parce que tout le monde écrit, mais parce que même
ceux qui n’écrivent d’ordinaire pas risquent de se voir proposer un
jour ou l’autre d’écrire un livre. C’est une aberration parce que la
masse est telle qu’il finit par devenir plus facile de publier un livre
que de trouver 200 lecteurs pour y jeter un oeil !